Un jour, mon ami, le poète, me demanda, quel salaud, de parler de l’eau en un mot ou en une phrase. À mon grand désarroi, je répondis un peu ballot, qu’il me serait plus facile de danser, de chanter ou de peindre l’eau, mais que les mots offraient un cadre bien trop étroit pour saisir toute la complexité de cette étrange substance. Mais, dès que mon ami eut tourné le dos, je remis cependant le sujet sur le tapis.
Engoncé dans mon propos, j’avais, en effet, oublié que le jeu de mots même très pâlot pouvait m’éviter de passer pour un idiot. Le chimiste que je suis n’était-il pas bien placé pour parler de la mole d’eau ? Mais, si l’eau tarit, que deviendraient cette obsédante Moldau et mon amie l’otarie si débordante de vie ? Quelle serait votre opinion, si je vous parlais de l’eau pignon de la vie ? Sans nul doute le poète clamerait dans un sanglot : « Eau rage, Eau désespoir, Eau vieillesse ennemie ! ».
Images fugaces de la vie et de la mort où l’eau gît sans espoir de renaître. Mais, bien à l’abri de l’orage dans mon logis, ne voilà-t-il pas que sonne le téléphone. Et, que le premier mot qui sort de ma bouche est : « Ah l’eau ! ». Oui, l’eau que l’on croyait morte reprend soudain vie pour s’échapper aussitôt en riant vers d’autres camelots moins patauds. Oui, la peau aime l’eau, mais quand les mots deviennent des maux pour vous faire ce cadeau, mieux vaut tirer le rideau pour ne plus ennuyer les badauds…
Poème écrit après la première rencontre avec Rodolphe Forget le 10/02/2009
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