Art et science
Bien triste nouvelle ce matin. Je viens dâapprendre que mon beau-frĂšre Jean-Marc Ferrand, alias JM ou JihĂšme, est dĂ©cĂ©dĂ© hier soir Ă lâhĂŽpital de Martigues. Je n’ai donc pas le cĆur Ă travailler aujourdâhui. Or, depuis quelque temps, suite Ă ma mise en retraite prĂ©vue pour septembre 2020, jâenvisageais sĂ©rieusement dâouvrir beaucoup plus mon site aux artistes. Car art ou science, cĂŽtĂ© intuition, câest un peu le mĂȘme combat, mais pas avec les mĂȘmes outils.
La diffĂ©rence câest que lâartiste sait que sans lâintuition il ne serait rien. Alors que le scientifique pense avec lâintuition, mais ne veut pas le reconnaĂźtre. Il y a trĂšs peu de chances que le dĂ©cĂšs de JihĂšme, grand dĂ©fenseur de la cause des rhinocĂ©ros, ne fasse pas la une des journaux. Aussi vais-je ici lui rendre lâhommage quâil mĂ©rite amplement. Car son parcours mĂ©rite dâĂȘtre mieux connu et il nâest plus lĂ pour nous en parler. Donc, salut lâartiste. Tous ceux qui tâont bien connu ne manqueront pas de trinquer une derniĂšre fois.
L’homme
Parcours
Jean-Marc Ferrand est nĂ© le 14 avril 1958 et câĂ©tait donc un solide gaillard de 62 ans. Il Ă©tait mon aĂźnĂ© de quelques mois. De 1969 Ă 1980, on le trouve au LycĂ©e Guillaume BudĂ© Ă Limeil-BrĂ©vannes (voir photo). Guillaume BudĂ© (1467-1540) Ă©tait un savant ayant embrassĂ© toutes les sciences, thĂ©ologie, jurisprudence, mathĂ©matiques, philologie. JihĂšme, fut donc Ă bonne Ă©cole. De 1983 Ă 1986, il est ergothĂ©rapeute Ă lâhĂŽpital dâArgenteuil. Puis il devient santonnier et potier, puis sculpteur, puis ferronnier et puis de nouveau sculpteur. Il a longtemps habitĂ© Saze, un petit village Ă 10 km dâAvignon, ma ville de naissance.
Marquis de Sade
Il semblerait que le nom “Saze” Ă©voque, dĂšs 1171, la famille de Sade, lâune des plus anciennes maisons de Provence. Le plus cĂ©lĂšbre des Sade est sans conteste Donatien Alphonse François de Sade, alias le Divin Marquis. Cet hĂ©ritier de la maison de Sade sâest en effet rendu cĂ©lĂšbre pour ses Ă©crits et ses habitudes jugĂ©es immoraux. Le mot « sadisme » fait dâailleurs rĂ©fĂ©rence aux actes de cruautĂ© dĂ©crits dans ses Ćuvres. JihĂšme sâest mariĂ© avec ma sĆur, Christine Henry, en lâan 2000.
Mariage
Un beau mariage entre deux artistes sous le soleil de Provence qui aura durĂ© 20 ans. Quelles annĂ©esâŻ! Christine dessine et peint en effet des foulards pour la maison HermĂšs (voir http://www.christinehenry.fr). JihĂšme pour sa part travaille le mĂ©tal et fait des sculptures. Les voici tous les deux en mai 1998 encadrant mon pĂšre. La scĂšne se dĂ©roule dans la cour de ma maison Ă Vendenheim pour cĂ©lĂ©brer une communion.
Le sculpteur
Le train fantĂŽme
Son Ćuvre la plus cĂ©lĂšbre et qui est dĂ©jĂ passĂ©e Ă la postĂ©ritĂ© peut ĂȘtre contemplĂ©e Ă Sorgues (84). Juste en sortant de la gare SNCF. Le mĂ©morial du train fantĂŽme est lĂ , ciment moulĂ© et bĂ©ton, hauteur 4,5 mĂštres. Il a Ă©tĂ© inaugurĂ© le 20 septembre 1991. Il commĂ©more lâodyssĂ©e des 700 dĂ©portĂ©s du train fantĂŽme. Entre le 30 juin et le 28 aoĂ»t 1944, ce train a circulĂ© sur le rĂ©seau ferrĂ© français. Il transportait des hommes et des femmes entassĂ©s dans des conditions effroyables dans des wagons pour terminer son parcours Ă Dachau.
Sorgues fut une Ă©tape mĂ©morable de ce trajet. Le 18 aoĂ»t 1944, les dĂ©portĂ©s, Ă bout de forces, aprĂšs une marche forcĂ©e de 17 km depuis Roquemaure, sous un soleil accablant, rejoignirent la gare de Sorgues. JihĂšme a immortalisĂ© leurs visages dans la pierre. Le jeudi 31 mai 2018 vers 16 h 30, la foudre sâabat sur un arbre situĂ© devant la gare de la ville de Sorgues. Le monument du train fantĂŽme est endommagĂ©, mais il sera heureusement restaurĂ© toujours par JihĂšme en 2019.
Les inspirateurs de JihĂšme
Voici ce quâil nous apprend sur ses inspirateurs : «Taquinant la sculpture pendant quelques annĂ©es, j’ai assez vite compris l’essence mĂȘme de la sculpture. Trois âmaĂźtresâ se sont imposĂ©s : Rodin, CĂ©sar et Giacometti. Ce dernier Ă©tait plus accessible pour moi. Dâailleurs il m’a emmerdĂ© souvent (ne pas faire du Giacometti). Les 2 autres m’ont Ă©tĂ© inaccessibles, pour X raisons. Ils ont tout compris Ă la matiĂšre et Ă la forme, ce sont des gĂ©antsâŻ! J’ai eu la chance de boire un coup avec CĂ©sar, il Ă©tait mĂ©lancolique devant la fontaine Stravinski Ă Paris aprĂšs la mort de son pote Tinguely. MĂ©lancolique aussi de ne pas avoir une expo Ă Beaubourg. Il ne la verra pas de son vivant, je l’admire toujoursâŻ! ». Pas aussi toujours trĂšs tendre, le JihĂšme. Voici ce que lui inspire un rhinocĂ©ros rĂ©alisĂ© avec des siĂšges de tracteurs, lâune des toute derniĂšre crĂ©ation de l’artiste espagnol Miquel Aparici.
«Bon, conclusion Miquel Aparici ne comprend rien aux pachydermes. Ce qui me fait chier c’est des mecs qu’ont un atelier d’enfer comme un showroom et qui sont financĂ©s par l’establishement du monde de lâart. Ceci pour crĂ©er des sculptures qui ne tiennent pas la route. Câest pas du Rodin, de la Camille ou du Giacometti. Bon filez moi de l’argent et je vous en fait un de rhino qui dĂ©chire la savanne. Waldo tu connais mon exigence. Une exigence qui fait que finalement je fais rien, Ă moins que la vie me laisse du temps. Ceci dit c’est bien qu’un artiste s’occupe des rhinos. Et il faut que je me calme sur mon niveau d’exigence artistique.»
Ah, JihĂšme et les rhinocĂ©ros, câĂ©tait un peu comme ma mĂšre et ses coqs. Sauf que lui, il se contentait de photos. Il suffit dâaller voir sa page FB.
Le ferronnier dâart
JihĂšme Ă©tait un artiste complet. Voici un portail et son portillon forgĂ© par JihĂšme pour la maison quâoccupa ma mĂšre Ă Saze avant son dĂ©cĂšs. Alors que je prenais mon petit dĂ©jeuner le 21 aoĂ»t 2009, des pensĂ©es ont assailli mon esprit. Les voici. La premiĂšre chose qui saute aux yeux est une connexion Ă©vidente avec lâastrologie. On remarque ainsi la prĂ©sence d’un soleil Ă©mettant des rayons vers douze petites ogives. La barre horizontale du milieu symbolise la ligne d’horizon allant de l’ascendant Ă l’est (gauche) vers le descendant Ă l’ouest (droite). Les montants verticaux symbolisent le mĂ©ridien origine allant du fond du ciel au nord (bas) vers le milieu de ciel au sud (haut).
LumiĂšre
Prises ensemble ces barres mĂ©talliques forment une croix dont le milieu symbolise la place qu’occupe l’ĂȘtre humain dans le monde. Dans la partie haute, les deux arcs de cercle Ă gauche et Ă droite symbolisent le globe solaire au lever ou au coucher. Ă partir de ces arcs de cercle, JihĂšme a choisi de reprĂ©senter 14 rayons lumineux triangulaires Ă©clairant les 12 ogives. Ces 12 ogives symbolise aussi bien les 12 signes zodiacaux que les 12 maisons astrologiques. On remarquera que les rayons sont de longueurs inĂ©gales. Le fait que ces rayons soient des triangles scalĂšnes est un hommage appuyĂ© Ă Platon.
Par ces triangles, l’artiste symbolise l’apparence du ciel Ă midi (bleu) et lors du lever ou du coucher du soleil (rouge). En effet, la physique nous apprend que la sensation de rouge est associĂ©e Ă une grande longueur dâonde. La sensation de bleu correspond, elle, Ă des courtes longueurs d’onde. JihĂšme tente donc de nous faire passer le message quâastrologie et science ne sont pas incompatibles mais complĂ©mentaires. Il pousse mĂȘme le vice Ă orienter la pointe du triangle vers le soleil et le plus petit cĂŽtĂ© du triangle vers lâextĂ©rieur. Il veut ainsi faire comprendre que lorsque la lumiĂšre s’Ă©loigne du soleil il y a une lĂ©gĂšre dispersion spectrale. Ceci est Ă©videmment en plein accord avec les lois de l’Ă©lectromagnĂ©tisme. Chapeau bas, l’artisteâŻ!
Ogives
Dâautre part les ogives font immĂ©diatement penser aux Ă©glises gothiques. JihĂšme rajoute donc une dimension religieuse aux deux autres dimensions astrologique et scientifique dĂ©jĂ invoquĂ©es. On peut aussi penser Ă la forme de certaines huttes africaines. JihĂšme nous renvoie ici Ă nos origines. Car la science moderne a rĂ©cemment dĂ©montrĂ© que toute l’humanitĂ© possĂ©dait un ancĂȘtre commun nĂ© en Afrique il y a quelques centaines de milliers d’annĂ©es. Ce malgrĂ© son extrĂȘme diversitĂ© ethnique.
De nouveau, chapeau bas, l’artisteâŻ! L’espiĂšglerie de JihĂšme se rĂ©vĂšle par le fait que la forme ogivale se retrouve aussi dans certaines clochettes. Il devient alors Ă©vident quâil cherche Ă attirer notre attention sur son Ćuvre par tous les moyens visuels et sonores. Lorsque l’on regarde le portail attentivement on peut entendre le son des douze clochettes gravĂ©es dans le mĂ©tal. Encore plus fort, la forme ogivale possĂšde en son sommet une fronce oĂč le rayon de courbure de la forme rebrousse. Ceci implique une concentration de l’Ă©nergie appelĂ©e « caustique » en optique. Quelle malice pour nous trimballer ainsi dans le triangle astrologie-science-religion.
L’air
Oui, ce portail est dĂ©cidĂ©ment assez peu banal… Passons maintenant au choix de reprĂ©senter 14 rayons lumineux pointant vers une sphĂšre cĂ©leste symbolisant le cinquiĂšme Ă©lĂ©ment Platonicien. Ce choix astucieux gĂ©nĂšre quatre secteurs ne correspondant Ă aucune ogive. Deux sont Ă l’extrĂȘme gauche et deux Ă l’extrĂȘme droite. Ils symbolisent les deux couches principales (troposphĂšre et stratosphĂšre) de l’atmosphĂšre terrestre faisant tampon entre le vide spatial et la matiĂšre terrestre condensĂ©e ou gazeuse. On notera donc ce souci du dĂ©tail scientifique en complĂšte rĂ©sonance avec la tradition. Car le nombre 14 = 7×2 symbolise l’univers crĂ©Ă© (ciel + terre = 3 + 4 = 7) Ă©laborant la vie via la sexualitĂ© (masculin + fĂ©minin = 2).
L’eau
Au-dessous de la ligne d’horizon, JihĂšme a choisi de reprĂ©senter six rayons lumineux en provenance eux aussi du soleil, mais situĂ© au-dessus de l’horizon. PourquoiâŻ? L’interprĂ©tation la plus simple est que le soleil se reflĂšte dans quelque chose de transparent qui ne peut ĂȘtre Ă©videmment que de l’eau. L’artiste Ă©voque ainsi sa passion pour la mer en suggĂ©rant un lever ou un coucher de soleil sur une mer plate. Cette Ă©vocation de l’Ă©lĂ©ment eau est d’ailleurs parfaitement logique. Car l’Ă©lĂ©ment terre est Ă©voquĂ© par le mĂ©tal du portail qui nous rappelle la nature chimique du noyau terrestre. L’Ă©lĂ©ment feu est aussi lĂ avec le soleil.
LâĂ©lĂ©ment eau est donc symbolisĂ© par la rĂ©duction du nombre de rayons lumineux de 14 Ă 6 en bas. Ceci suggĂšre que lâeau absorbe eau une partie de la lumiĂšre, dâoĂč sa couleur bleue. Les quatre Ă©lĂ©ments rajoutent donc une dimension supplĂ©mentaire de nature alchimique aux dimensions astrologiques, scientifiques ou religieuses. Au fait pourquoi seulement 6 rayonsâŻ? Ici aussi l’artiste tente de mettre notre sagacitĂ© Ă lâĂ©preuve. Il nous suggĂšre peut-ĂȘtre que ce portail est un objet de la vie quotidienne symbolisĂ©e par la maison VI en astrologie. Ă moins qu’il ne s’agisse d’un clin d’Ćil au fait que selon la GenĂšse, le monde fut crĂ©Ă© en six jours. Car le sixiĂšme jour est celui de la crĂ©ation de l’ĂȘtre humain.
La psyché
D’autres y verront le symbole des six planĂštes majeures Ă©clairĂ©es par le soleil (Mercure, VĂ©nus, Lune, Mars, Jupiter et Saturne). Les Chinois y verront le nombre du ciel. JihĂšme tient Ă faire savoir aux mathĂ©maticiens que le nombre six, est le seul nombre Ă©gal Ă la somme ou au produit de ses diviseurs (1+2+3 = 1x2x3 = 6). Cette combinaison unique de la source (1), de la dualitĂ© primordiale (2) et de la trinitĂ© (3) symbolise donc aussi une certaine forme de perfection et de beautĂ©. Il y a aussi une dimension psychique. Car le fait de projeter beaucoup de lumiĂšre vers le milieu de ciel que vers le fond du ciel trahit peut-ĂȘtre une certaine peur de soi. Ceci est confirmĂ© par le choix de placer la serrure Ă gauche (vers le moi) plutĂŽt qu’Ă droite (vers l’autre).
La psyché
Il nous reste enfin Ă considĂ©rer le portillon. Ici lâaxe mĂ©ridien a Ă©tĂ© supprimĂ© pour ne retenir que l’axe d’horizon. On retrouve la dimension astrologique avec une rĂ©fĂ©rence Ă©vidente Ă la lune via le croissant placĂ© dans la partie basse du portillon. Ici la lune Ă©claire le haut du portillon (les autres) au moyen de 9 rayons lumineux de taille inĂ©gale. Le bas qui symbolise le moi, reste dans la pĂ©nombre. Le haut du portillon arrondi (et non horizontal) symbolise la boĂźte crĂąnienne Il s’agit donc ici bien d’une lumiĂšre intĂ©rieure (l’inconscient symbolisĂ© par le croissant de lune) qui illumine le cerveau siĂšge de la conscience (limitĂ© par la boĂźte crĂąnienne).
Si tel est bien le cas, alors la longueur des rayons symbolise la profondeur de la lumiĂšre psychique, plutĂŽt que le simple reflet de la lumiĂšre solaire par la surface lunaire. Le choix du nombre 9 peut aussi ĂȘtre mis en rĂ©sonance avec le choix du nombre 6 pour le bas du portail puisque 9 = 3x3x1. Avec cette triple manifestation de la trinitĂ©, JihĂšme nous indique que le monde lunaire est bien le monde des dieux et de la divinitĂ©. Car il reflĂšte plus nos Ă©tats intĂ©rieurs (l’inconscient) que notre conscience Ă©voluant dans le monde terrestre gouvernĂ© par le 6.
Dualité
De plus, le chiffre 6 se reprĂ©sente comme un chiffre 9 ayants subis une rotation de 180°. On voit donc comment JihĂšme prend un malin plaisir Ă jouer de la dualitĂ© soleil (portail) – lune (portillon). Il profite dâun portail pour transposer un vĂ©ritable drame de nature cosmique. Dâune part la lutte entre la conscience oĂč rĂšgne le moi et l’inconscient oĂč s’agite dans l’ombre des dieux tout-puissants. Dâautre part un drame de la vie de tous les jours. Car je peux rentrer dans la demeure en voiture par le portail terrestre ou Ă pied, par la voie divine du portillon… Enfin JihĂšme place Ă nouveau la serrure du portillon sur la gauche. Faut-il y voir la volontĂ© de notre sociĂ©tĂ© de verrouiller son fĂ©minin au profit de valeurs plus masculinesâŻ? Allez savoirâŠ
Grille et pergolas
JihĂšme et Waldo (deuxiĂšme identitĂ© de Christine), toute une histoire forgĂ©e dans lâacier comme le montre cette jolie grille imaginĂ©e et fabriquĂ©e pour une fenĂȘtre du cabanon de Port-Saint-Louis du RhĂŽne. Chapeau bas l’artiste !
Le scientifique
Comme nous me montre son portail, JihĂšme ne crachait pas sur la science. Il Ă©tait fascinĂ© par le cosmos et la physique quantique. Ainsi, lors de lâĂ©tĂ© 2015, il poste sur sa page FB, le lien suivant :
Pendant ce temps, jâĂ©tais en pleine rĂ©daction de mon livre consacrĂ© Ă lâeau et Ă la physique quantique. Toujours sur sa page FB, on trouve aussi des tas dâimages du tĂ©lescope Hubble rĂ©vĂ©lant les magnifiques formes des planĂštes du systĂšme solaire. Les maths ne lui faisaient pas peur, comme en tĂ©moigne cette devinette du 30 avril 2020. Ă propos de son atelier, il aimait aussi dire : «Le plus dur c’est de freiner lâentropie ». Ce lien mâa aussi beaucoup fait rire : Vous voyez une protĂ©ine myosine sortir une Endorphine le long d’un filament pour la partie interne du cortex pariĂ©tal du cerveau qui gĂ©nĂšre le bonheur.
Le musicien
Je nâai jamais vu JihĂšme jouer dâun instrument. En revanche, il Ă©tait incollable en jazz. Comme il le dit sur sa page FB : «Je ne mets que des albums dont j’ai usĂ© les sillons dans ma chambre Ă force de rĂ©Ă©couter, rechercher un passage, un solo…, peut pas tout mettre non plus, j’ai eu des pĂ©riodes Yes, Genesis, mĂȘme Zappa, voir jazz, mais ceux qui m’ont extirpĂ© de la variĂ©toche quand j’Ă©tais mĂŽme ce sont les Beatles tendance Lennon, qui m’ont permis d’aborder l’explosion 69/70 et toutes les seventies si riches. »
Jacques Higelin
Voici ce quâil Ă©crit Ă propos de la mort de Jacques Higelin :
«La derniĂšre fois que je l’ai vu, il prenait des photos dans Saze, prĂšs de l’ancienne maison de Corinne Duboscq, et Peewee François Solo. Je lui ai dit “Salut Jacques”. Il m’a fait un signe de la main en souriant. Une maniĂšre de me remercier de pas lui casser les couilles peut-ĂȘtre. Sinon la premiĂšre fois dans les annĂ©es 70, c’Ă©tait dans une MJC en banlieue Parisienne. On Ă©tait une vingtaine, c’Ă©tait son Ă©poque Rock (BBH) c’Ă©tait la fĂȘteâŻ! Je l’ai vu ensuite plusieurs fois dans des plus grandes salles, et j’ai toujours eu du bol que ce jour-lĂ il se sentait bien. Des concerts de presque 4 h et du dĂ©lire d’impros festives, de grands momentsâŻ! ».
Son avis sur les chanteurs et les groupes quâil aimait.
Janis Joplin
«Puisque l’Ă©tĂ© nous quitte, un petit summertime supplĂ©mentaire avec l’immense JANIS».
Metallica
«Les forgerons de METALLICA, j’ai peur pour les tendinites du batteurâŠÂ».
Calvin Russell
«Monsieur Paul Personne avec Monsieur Calvin Russell, Deux grandsâŻ! »
«Monsieur Calvin Russel, Texan mal aimĂ© chez lui qui est venu faire carriĂšre en France (une fois n’est pas coutume). Ce n’Ă©tait pas un vrai texan. Il a des origines Comanche, une tronche ravagĂ©e, une voix blues, une image de clochard cĂ©leste chĂšre Ă KĂ©rouac. Un super mec qui donne envie de s’enfiler une bouteille de jack sans modĂ©ration. Bon c’est vrai qu’il est mort en 2011 d’un cancer du foie⊠».
Led Zeppelin
«Ma musique du dimanche soir 8/10 quand Led Zep invite un Neil Young dĂ©chaĂźnĂ©……… La magie des rencontres dâartistes ».
«Il n’y aurait pas eu Chuck Berry dans les annĂ©es 50/60, un gĂ©nie ne serait peut ĂȘtre pas nĂ© dans les annĂ©es 60/70».
Rory Gallagher
«Faudrait peut-ĂȘtre pas l’oublier lâirlandaisâŻ! » :
Sweet Home Chicago
«Aujourd’hui j’ai perdu un pote. Je chante un blues pour combattre le blues : »
Le philosophe
«Je trouve qu’on manque de rĂȘve. Souvent on devient taxĂ© d’utopiste irresponsable. Alors je pense Ă ce petit pays le Bhoutan. Eux ils ont inventĂ© le BNB pour se substituer au diktat du PIB(produit intĂ©rieur brut). Le BNB, c’est le (bonheur national brut), ils essayent d’indexer leur vie sur ce critĂšre. Bien sĂ»r cela ne marche pas bien, mais ils ont le mĂ©rite dâessayer. RĂȘvons et essayons des choses impossibles pour fracturer nos raisons Ă©triquĂ©es⊠»
«Jâaime beaucoup ce dessin, il y a toutes nos sensibilitĂ©s qui se versent en larmes, bleu, blanc, rouge, sur les joues d’une femme qui peut reprĂ©senter l’avenir et la paix. »
Le pĂȘcheur
JihĂšme Ă©tait aussi passionnĂ© de pĂȘche et de bateaux. Il avait donc aussi son petit cabanon Ă Port Saint-Louis du RhĂŽne, lieu dâancrage de son bateau. JihĂšme ne pĂȘchera plus dĂ©sormais. Je terminerais par cette sculpture de l’artiste Bruno Catalano intitulĂ©e «Les Voyageurs ». Câest une sculpture, qui symbolise le vide crĂ©Ă© par le fait de quitter son pays, sa famille, son peuple … pour une autre vie. So long, man, tu vas laisser un grand vide Ă Saze et Ă Port Saint-Louis du RhĂŽne. Ton souvenir ne mourra pas. Car mĂȘme si ta page FB disparaĂźt, je mâengage Ă perpĂ©tuer ta mĂ©moire sur internet.
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