Le mot “eau” en français
L’être humain est le seul mammifère possédant un organe, le larynx, lui permettant de produire des sons articulés et cohérents. Il m’a donc semblé intéressant de voir le son que les êtres humains produisent lorsqu’ils veulent parler de l’eau. Par exemple, pour nous, peuple français, nous utilisons le mot « eau ». Ce mot est la déformation du mot « ewe » utilisé au XIᵉ siècle. On utilise d’ailleurs encore de nos jours ce mot en Wallonie. En fait, dans certains vieux dialectes français, on trouve même la racine initiale « eve » que l’on retrouve de nos jours, par exemple, dans le mot « évier » par exemple. Par conséquent, le mot français pour l’eau est une référence directe à « Ève », mère de l’humanité.
Allons encore un petit peu plus loin en remarquant que le nom « ewe » est lui-même une déformation latine du mot hébreu « hawa ». Mot qui signifie « vivante ». De même, en sanscrit, nous avons le mot « jivah » qui signifie, « vivant, animé ». Ce nom donné par Adam à sa femme est donc un rappel clair qu’Ève est littéralement «ce lle qui amène la vie » (Gen. 3:20). On remarquera que le français ne reprend pas, contrairement à beaucoup d’autres langues, le mot latin « aqua ». Ce mot dérive de la racine proto-indo-européene (PIE) « akwa ». On y trouve l’association de deux racines *ak’- qui signifie « pointu » et *(a)ue- qui signifie « s’écouler ». Le son « aqua » rend donc l’idée d’une substance qui s’écoule en se ramifiant. Comme on peut le constater avec les fleuves et les rivières.
Peuples européens
La même racine PIE est utilisée par le mot slave « voda » où l’on combine la racine *(a)ue- avec la racine *del- qui signifie « diviser ». Si l’on utilise plutôt la racine *ter- qui signifie «tra verser», on obtient le mot anglais « water ». C’est-à-dire une chose qui s’écoule et se fraye un passage. On peut également noter la similitude entre la racine PIE *(a)ue- et la racine proto-finno-ougrienne *wet- à l’origine du mot finlandais « vesi » ou du mot hongrois « viz » qui désignent donc également l’eau qui s’écoule.
Certains peuples préfèrent mettre l’accent sur le fait que les liquides sont des boissons. Ils utilisent donc la racine *seu- qui signifie « jus, liquide ». On obtient ainsi le mot turc « su » ou le mot chinois « shui » qui rendent l’idée d’une chose à boire. Il y a encore le mot allemand « wasser » qui suggère que la chose à boire qui s’écoule. On l’obtient par combinaison des racines *(a)ue- et *seu-. Mais, l’eau sert aussi à laver et nettoyer. Ceci fait que l’on peut aussi utiliser la racine *mew- qui signifie « mouiller ». On obtient ainsi le mot arabe « mâa », la chose qui mouille. Il y a aussi le mot hébreu « mayîm », qui rend la même idée, mais au pluriel. On revient ici évidemment à la femme qui mouille puisque la racine *mew- sert aussi de prototype pour les mots « mère », « mama », « maman », etc.
Qu’en est-il de notre cher Adam qui, comme Ève, est constitué aussi d’eau morphogénique ? Sans surprise, les Grecs utilisent effectivement la racine PIE *ner- qui signifie « homme, énergie » et conduit au mot grec « nero ». Pour le prénom Adam, le premier homme, on retrouve la racine PIE *ad- qui peut aussi se décliner en *ap- ou *ab-. Ces racines que l’on retrouve dans le mot roumain « apa » ou avec le mot persan « âb » rendent l’idée de courant d’eau. En inde, on a la racine PIE *pel- signifiant « plat et étendu ». Si on la combine avec la racine *ner- , on forme le mot hindi « pāni ». Par contre, la racine PIE *gel- signifiant « froid » donne naissance mot sanscrit « jala ». Ceci rappelle le refroidissement qui se produit lorsque l’eau s’évapore ou se transforme en glace.
Autres peuples
Hors Europe, on trouve le langage proto-uto-aztèque qui est à l’origine des langues indigènes d’Amérique du Nord et d’Amérique centrale. On utilise ici mot « atl » avec un océan dit « atlantique » unissant (ou séparant selon les points de vue) la plaque eurasienne et la plaque américaine. Pour l’Afrique, on retrouve dans la plupart des langues bantoues de la grande famille nigéro-congolaise la racine PIE *mew- comme dans le mot swahili « maji ».
L’identification d’une racine PIE est impossible dans les langues mandées. Ici, on trouve des mots comme « dji » (Soninké) ou « gui » (Bambara). De même avec le mot « kôm » d’origine gur/voltaïque (Moré) ou le mot « omi » d’origine kwa (Yoruba). Tous ces mots se réfèrent tous à l’eau de boisson. Le khoïsan se caractérise quant-à-lui par de multiples clics. Le film « Les dieux sont tombés sur la tête » utilise abondamment ce type de langage. Avec toutes les langues austronésiennes, on s’éloigne encore plus des racines PIE, comme pour le mot tagalog « tubig ».
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