7•Statistiques et tests

7•Statistiques et tests

Épisode 7, Covid-19, avril 2020

Des chiffres

Depuis le début de cette série de billets, les informations concernant le SARS-CoV-2 évoluent de jour en jour. Il y a donc énormément de choses à dire et heureusement que je suis confiné car cela me permet de suivre l’actualité de près. Cela me permet aussi de partager avec vous certaines connaissances. Ceci afin de vous permettre de vous y retrouver dans la bataille médiatique autour de ce nouveau virus. En effet, chacun des conseils que je vous donne dérive de connaissances scientifiques et non d’informations de nature statistique. Car la base même de toute approche statistique est d’être foncièrement ignorant de ce qui se trame à l’échelle des atomes et des molécules qui nous constituent.

On peut vérifier que c’est bien l’ignorance et non le savoir qui guide nos dirigeants. Puisque l’on entend dire à longueur de journée sur les ondes que l’on ignore quasiment tout de ce nouveau virus. D’où le recours massif aux statistiques jusqu’en avoir la nausée. Voyez tous ces chiffres rapportés tous les soirs par la même personne faisant toujours les mêmes gestes. On nous donne des chiffres à un instant donné avec une précision d’une unité. Cette manière de procéder où l’on inonde de chiffres un auditoire est le meilleur moyen pour noyer le poisson. Cela évite d’y voir clair. D’autant plus, que la plupart de ces chiffres sont très incertains.

Pas de graphiques

En effet, au lieu de cette litanie interminable et soporifique de chiffres, on pourrait simplement montrer des graphiques. Les graphiques indiquent les tendances et il suffit alors de quelques minutes pour saisir l’essentiel. Quel besoin a-t-on de débiter des chiffres absolus ? Car la seule préoccupation de la population est de savoir quand elle pourra de nouveau sortir dehors. Quand pourrons-nous sortir pour nous promener sans avoir le risque d’encourir une amende forfaitaire ? Or, mon métier de scientifique est de précisément faire parler les chiffres. Je peux donc vous assurer que la manière de procéder choisie par l’exécutif est la pire que l’on puisse imaginer pour une situation de crise.

Un exemple

Car un chiffre c’est une information. Or, l’information n’a absolument aucune valeur tant que l’on ne la situe pas dans un certain contexte qui lui donne du sens. Bien évidemment, si on change le contexte, la même information prend un sens totalement différent. Par exemple on sait qu’en 2018, 610 000 personnes sont décédées en France. La moitié des personnes sont décédées dans le département où elles sont nées (source INSEE). Si je divise par 12 mois, cela fait environ 50 800 décès par mois toutes causes confondues. Si maintenant on se limite à la période allant du premier mars au 6 avril, voici le nombre de décès affichés par l’INSEE : 76 246 en 2020, 63 686 en 2019 et 71 003 en 2018.

Il semble donc bien qu’il y ait une mortalité plus forte en 2020 en rapport aux deux ans passés. Si l’on oublie l’année en cours, on voit qu’entre 2018 et 2019 il y a une différence de 7317 décès. Ce, sur une même période à une époque où le COVID-19 ne sévissait pas en France. Maintenant, si je compare les années 2020 et 2018, je vois un écart de seulement 5243 morts. Donc avant de parler de mortalité lié au COVID-19, est-on sûr que l’on maîtrise tous les facteurs jouant sur la mortalité en France sur une période relativement courte hors COVID-19 ? Réalise-t-on des autopsies systématiques sur toutes les personnes décédées pour vérifier que le virus est bien encore là au moment du décès ?

Josef Staline

Si je me réfère au chiffre annuel de 2018, c’est tout simplement parce qu’il a été publié en octobre 2019. Celui de 2019 sera connu qu’en octobre 2020. Pour avoir le chiffre de mortalité totale en France en 2020, il faudra attendre octobre 2021… Car soyons un peu sérieux. Ce qui compte c’est bien la mortalité toutes causes confondues sur une année. On peut ainsi raisonner de manière saine et fiable. Référons-nous un instant à Josef Staline, un expert dans l’art de manier les chiffres. Il affirme que si la mort d’un homme est une tragédie, la mort d’un million d’hommes est une statistique…

Donc avant d’affoler toute une population non formée au raisonnement statistique, attendons sagement octobre 2021. Ceci afin de savoir si effectivement cela valait le coup de confiner de manière aveugle toute la population française. Car le risque est de plonger la France dans une récession économique d’une ampleur sans précédent dans l’histoire de la cinquième république. Fallait-il aussi vider les hôpitaux de tous les malades non atteints du COVID-19 ? Personnellement j’ai de grands doutes. Je pense que tous ces chiffres ne veulent absolument rien dire. Les décisions prises me semblent de natures totalement irrationnelles. Elles m’apparaissent dictées par la peur. Non par la connaissance scientifique qui permet de garder la tête froide. 

Se protéger

Car, grâce à la science accumulée sur les virus, nous savons qu’ils sont là pour nous faire évoluer et non pour nous tuer. On sait que l’on peut ralentir leur progression dans les muqueuses en consommant des glucanes. Ces molécules se trouvent en abondance dans tout mycélium. On sait que la combinaison eau-savon suffit à les inactiver totalement. Enfin, si le SARS-CoV-2 n’arrive pas à se fixer sur le récepteur cellulaire ACE2 on ne court absolument aucun risque. Quand bien même, il arriverait à se fixer, il faudra encore qu’ils échappent à notre système immunitaire. Car, ce dernier peut intervenir avant l’envoi du missile viral sur nos membranes cellulaires.

Le bon sens nous dit donc que l’on dispose de pas mal de moyens de protection. Ces moyens permettent de se déplacer et de travailler librement comme on l’a fait lors de précédentes épidémies. Il suffit en fait tout simplement de faire le tri entre personnes infectées, personnes à risques et le reste de la population. Bien sûr, ce tri suppose que l’on soit en mesure de faire des tests systématiquement à l’échelle du pays. Il faut aussi faire un examen soigneux des antécédents médicaux. Il faut disposer de masques FFP2 pour protéger l’ensemble des personnes pouvant être en contact avec des personnes infectées de manière réelle (symptômes) ou potentielle (porteurs sains).

Se préparer

Je rappelle ici que la première épidémie d’ampleur mondiale liée aux coronavirus date de 2003. On a donc eu 17 ans pour se préparer à affronter une autre épidémie virale du même genre. L’impréparation actuelle est donc non seulement inacceptable, mais aussi criminelle. Ceci m’amène à parler des tests de dépistages afin de préciser certains points. En effet, il semble qu’aucun stock de masques n’était disponible pour lutter de manière efficace contre la propagation virale. De plus, tout test biologique suppose l’emploi de réactifs chimiques qui en temps de crise deviennent aussi précieux que l’or ou le diamant. Or, c’est bien notre incapacité à tester la France entière qui nous plonge dans la crise actuelle. Par manque d’anticipation et non par manque de connaissances, il est impossible de trier à grande échelle.

Or, on a déjà vu que l’on se rue sur le gel hydro-alcoolique. Il s’agit d’un produit chimique dont le prix de vente peut être hautement volatil. Rappelons qu’à l’origine les gels hydro-alcooliques ont été créés au début des années 1990 par les pharmaciens William Griffiths et Didier Pittet. Le but était de lutter contre les infections nosocomiales en milieu hospitalier. Il n’avait jamais été prévu que ce produit chimique serve à la population en général. Pour la simple raison que le mélange eau-savon est tout à fait efficace. Nous ne vivons de fait aucunement dans un logement où se croise un grand nombre de pathologies virales et bactériennes. Le gel hydro-alcoolique n’est donc pas un produit stratégique et ne le sera jamais.

Des réactifs

Ce qui n’est pas le cas des produits chimiques permettant de réaliser une transcription inverse avec réaction en chaîne par polymérase (RT-PCR). C’est la technique qui permet de détecter la présence d’ARN viral dans les prélèvements nasaux. Là aussi, il aurait fallu faire des stocks dès 2003. On aurait dû imposer à nos industriels de pouvoir fabriquer ces réactifs sur le sol français. Car, en cas d’épidémie virale, il faut être capable de produire de manière massive. On ne l’a pas fait bien sûr. Notre pays est donc aujourd’hui réduit à la mendicité auprès des pays disposant des infrastructures nécessaires à la production de ces produits chimiques. Or, le coût de revient de ces produits est exorbitant puisqu’il s’agit de produits de haute technologie.

Même un réactif abondant comme l’eau pose problème. Il faut en effet que cette eau soit totalement exempte de fragments d’ARN. Or, ces molécules ont précisément une très forte affinité pour l’eau. La moindre trace d’ARN dans l’eau et le test ne signifie plus rien. Il y a aussi les tests sérologiques permettant de tester la présence d’anti-corps dans le sang. Là, il faut attendre, car le virus est nouveau. Toute batterie de tests préliminaires sont nécessaires afin valider la méthode de détection. 

Tests biologiques

Reste le problème des porteurs sains du virus. C’est ici que l’on réalise le manque de volonté évident de nos dirigeants et leurs conseillers scientifiques. Prennent-ils vraiment prendre le problème à bras le corps ? On sait que si une personne est en état d’infection et asymptomatique, son système immunitaire est état d’alerte maximale. Or, cette alerte laisse des traces dans le sang de la personne infectée. En particulier, il existe une protéine dite « C-réactive » (CRP) qui chez un adulte sain circule dans le sang avec une teneur inférieure à 3 mg/L. En cas d’inflammation liée à une infection, le taux de cette protéine CRP peut être multiplié jusqu’à 10 000 fois. On peut atteindre une concentration de 500 mg/L.

Or, le dosage de la protéine CRP dans le sang se pratique dans tous les laboratoires de biologie médicale depuis des dizaines d’années. Il pourrait permettre d’identifier rapidement des personnes saines qui n’ont pas besoin d’être confinées. Par contre, les personnes en inflammation peuvent être soit porteuses du virus, soit à risque en cas d’infection. Il convient dans ce cas de suivre ou d’isoler ces personnes. Toutefois, plutôt que de pratiquer à grande échelle un test simple, fiable et peu coûteux, on préfère utiliser des tests complexes, peu fiables et très coûteux. Pourquoi nous faire croire que nous sommes totalement démunis face au SARS-CoV-2, alors que cela n’est pas vrai ?

Addiction

Il y a des choses qui peuvent être faites et qui ne sont pas faites. Probablement parce que notre médecine moderne est en état de dépendance pathologique à la haute technologie. Ceci est vrai aussi bien en matière de prévention que de détection. On favorise toujours les produits chimiques hors de prix. Le prochain billet sera consacré à ce qui passe dans une cellule lorsqu’elle se trouve infectée par le SARS-CoV-2. Ceci nous permettra d’y voir plus clair en matière de médicaments et de vaccins.

Par Marc HENRY

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