Suite au décès brutal et inattendu de mon amie Corinne Gouget, ce lundi 22 juin 2015, je me permets de publier ici un mail envoyé le 3 janvier 2012 à Madame Arila Pochet. Cette dame est Chef du bureau des aliments, direction générale de la Santé au ministère du Travail, de l’Emploi et de la Santé. Je fais cela pour relativiser le discours de la meute haineuse qui s’est déchaînée contre Corinne durant toutes ces années. Tout cela ayant abouti à ce véritable gâchis humain. On trouvera ici une autre lettre de soutien adressée aux pouvoirs publics en janvier 2012.
Courrier
Chère Madame Pochet,
Corinne Gouget m’informe de manière régulière de ses actions contre l’additif alimentaire E951 (aspartame) et E621 (glutamate monosodique). J’ai appris que suite à une manifestation à Paris sur les additifs, Corine a été reçue avec deux lecteurs au ministère de la Santé pendant 1 h 15. Je me permets donc de vous adresser cet e-mail. Ceci afin de vous donner une information saine sur la légitimité du combat permanent mené par Corinne contre les additifs alimentaires de toutes sortes. Tout d’abord permettez-moi de me présenter. Je suis professeur des universités. Mon métier consiste à enseigner la chimie à tous les niveaux (licence, master, doctorat).
Bien que je ne sois pas médecin, il est néanmoins dans mes fonctions de donner aux futurs médecins et chercheurs en biologie les compétences nécessaires en chimie. Ceci pour comprendre ce qui se passe à l’échelle moléculaire. Lorsqu’une substance chimique se trouve introduite de manière fortuite (poison) ou délibérée (médicament) dans un organisme vivant. J’exerce mon métier à Strasbourg, pôle reconnu d’excellence mondial en chimie moléculaire et supramoléculaire. A ce titre, je tiens à vous fournir quelques éléments factuels. Ceux-ci vous permettront, du moins je l’espère, de mieux déchiffrer le débat très technique concernant les dangers des additifs alimentaires pour la santé humaine.
Pour comprendre les dangers de l’aspartame, il faut, en effet, accepter de lire un énorme pavé rédigé en anglais de plus de 1000 pages. Ce livre coûte environ $75 et n’est disponible qu’aux États-Unis. Ce traité s’intitule “Aspartame Disease, An Ignored Epidemic”. Il a été écrit par un médecin, H.J. Roberts, et fait le point sur toutes les maladies liées à une consommation d’aspartame. Face à un “expert” qui affirme de manière péremptoire que l’aspartame est sans danger, il est bon et légitime de lui demander avant tout débat s’il a lu cet ouvrage. Étant moi-même un scientifique de haut niveau, la première chose que j’apprends aux étudiants est que face à une affirmation donnée, il est bon de lire TOUTE la littérature scientifique concernant le sujet abordé.
La science admet, en effet, la contradiction. Et, ce n’est qu’après avoir lu les pour et les contres qu’il est possible de se faire une opinion objective. Pour ce qui me concerne, j’ai acheté le livre de Mr Roberts sur Amazon. J’ai lu avec attention le millier de pages concernant cette maladie qui fait des ravages aux USA. J’ai aussi acheté et lu tous les livres du neurologue Russel L. Blaylock, un autre universitaire adversaire farouche de l’aspartame. J’ai aussi lu toutes les études scientifiques plaidant en faveur de l’innocuité de l’aspartame. Car, mon université me donne libre accès à plus de 100 000 journaux scientifiques en ligne. J’ai aussi épluché tous les arguments avancés par les fabricants de cette molécule.
Après des milliers d’heures de lecture de cette littérature scientifique, je me suis fait une opinion. Et, le verdict est sans appel. L’aspartame est une molécule extrêmement dangereuse qu’il faut exclure de notre alimentation. Comprenez bien que ceci n’est pas une opinion d’un barbu écologiste un peu rêveur. Mais, bien celle d’un professeur d’université qui connaît son métier. Je pense donc en toute sincérité que la position de Corinne Gouget vis-à-vis de l’aspartame est légitime.
Étant un scientifique disposant d’un esprit clair et synthétique, je n’essayerais pas de vous asséner la (très longue) liste des arguments qui plaident en faveur de la toxicité de l’aspartame. En lieu et place, je me bornerais à vous lister les arguments des personnes qui pensent que l’aspartame est une molécule parfaitement inoffensive et sans danger pour la santé humaine. En effet, la liste est ici beaucoup plus courte. Et, il est extrêmement aisé de mettre à jour les ficelles extrêmement grossières qui permettent de donner un semblant de légitimité à une position indéfendable sur le fond.
Premier argument massue : “Si l’aspartame était vraiment toxique cela se saurait…”. Pour démontrer la puérilité de cet argument, il suffit d’invoquer le cas du plomb tétraéthyle. Il s’agit d’un additif chimique extrêmement toxique utilisé à outrance et à l’échelle mondiale entre 1930 et 1980. On l’ajoute à l’essence afin d’augmenter l’indice d’octane des carburants. Les premières études de toxicité remontent à 1920. Malgré cela, il a fallu attendre plus de 60 ans pour que cette molécule, véritable poison pour le cerveau et la matière osseuse, soit enfin définitivement bannie de l’air que l’on respire. La raison de ces 60 ans d’impunité ? Des millions de dollars déversés sur des laboratoires à la botte des marchands d’essence. Ceci pour produire des études scientifiquement respectables démontrant que le plomb tétraéthyle est une molécule parfaitement inoffensive et sans danger.
Avec le recul, on sait aujourd’hui que toutes ces études étaient complètement bidon. En effet, aujourd’hui, le monde entier reconnaît la toxicité de cet additif. Ce, à tel point que trouver de nos jours de l’essence “plombée” tient du miracle. Alors que cela était banal dans les années 1950-1960.
Plus près de nous et pour rester Franco-Français on peut également citer le cas de l’amiante. Là, je peux témoigner de la véritable politique de désinformation régnant à l’université Paris VI, campus de Jussieu dans les années 80. J’étais à l’époque chargé de recherches au CNRS. Tous les jours à la cantine, il y avait deux groupes de personnes. Le premier groupe à l’entrée de la cantine distribuait des tracts. Ces tracts prétendaient que l’amiante, omniprésente sur le campus de Jussieu, était responsable du cancer du poumon. Il fallait donc exiger de la présidence des travaux de désamiantage du campus. Le second groupe à la sortie de la cantine distribuait lui aussi des tracts. Mais, ceux-là disaient que l’amiante était une substance employée depuis des dizaines d’années à l’échelle mondiale. Si jamais l’amiante était une substance vraiment toxique “cela se saurait…”.
En 1993, j’ai quitté le campus de Jussieu pour celui de Strasbourg. Quel ne fut donc pas ma surprise de voir 10 ans plus tard à la télévision des personnes en tenue NBC pénétrer avec précaution dans des lieux où j’avais vécu pendant 15 ans. Ce, sans tenue de protection particulière en respirant en permanence un air chargé de fibres d’amiante… Ce jour-là j’ai vraiment compris le décalage temporel qui existait entre le discours “officiel” rassurant et lénifiant et la réalité médicale. Celle qui n’est reconnue qu’après des dizaines d’années de gâchis humain. Aujourd’hui, le plomb tétraéthyle et l’amiante ont bien mauvaise presse. Alors qu’une dizaine années avant ce n’était que concert de louanges. Les fous d’hier sont en général les sages de demain. Et, je vous parie que dans quelques années on clouera l’aspartame au même pilori que le plomb tétraéthyle ou que l’amiante aujourd’hui.
Deuxième argument massue. Les acides aminés contenus dans l’aspartame (acide aspartique et phénylalanine) sont omniprésents dans notre alimentation de tous les jours. Ce qui démontre sans aucune équivoque possible la parfaite innocuité de cet additif. Ici, on joue tout simplement sur le fait que la plupart des gens ne font pas de différence entre les deux notions fondamentalement différentes de “nutriment” et d'”aliment”. Pour mémoire, un “aliment” est une substance de haut poids moléculaire. Un aliment est dégradé en nutriments après passage par l’estomac et l’intestin. Un “nutriment” est une substance de bas poids moléculaire. Celle-ci n’a pas besoin d’être dégradée pour passer la barrière de la paroi intestinale. Le “nutriment” passe donc immédiatement dans le sang après ingestion. Alors que l'”aliment” passe par le système digestif. Il est ici transformé avant que ses acides aminés ne deviennent exploitables par l’organisme.
Vu son faible poids moléculaire, l’aspartame est donc clairement un “nutriment”. Par conséquent, le mettre au même niveau qu’un aliment est une ficelle un peu grosse. Elle ne peut avoir d’effet que sur un public ignorant du fonctionnement réel de l’organisme. C’est justement le fait que l’aspartame soit un nutriment et non un aliment qui rend cette molécule potentiellement dangereuse. En effet, l’un des rôles de la paroi intestinale est de veiller à ce que les nutriments en provenance de la dégradation des aliments diffusent lentement dans le sang. L’aspartame boycotte cette étape de passage par la paroi intestinale et se comporte donc comme une véritable drogue. Ceci au même titre que l’alcool, le tabac et autres substances chimiques à bas poids moléculaire tristement célèbres. On peut citer ici le cannabis, l’héroïne, la cocaïne, le LSD, la marijuana, les amphétamines, la caféine, etc.).
Toutes ces substances ont en commun le fait d’ignorer superbement l’étape de la digestion. Étape qui est obligatoire pour tout aliment. Ils peuvent ainsi envahir la circulation sanguine dès leur ingestion. En une fraction de secondes (une pulsation du muscle cardiaque), ces substances peuvent atteindre le cerveau. A ce stade tout va dépendre de l’état de votre barrière hémato-encéphalique (BHE en abrégé). La BHE est en effet, parfaitement perméable à certaines substances (alcool, tabac, caféine, drogues dures, etc.). Elle est toutefois, a priori, parfaitement imperméable aux différents acides aminés. Une BHE en bon état permet donc d’isoler efficacement le cerveau des neurotransmetteurs (aspartate, glutamate) éventuellement présents en excès dans le sang.
C’est ici que se joue le drame des victimes de l’aspartame. Sous l’effet de certains effets extérieurs (tabagisme, alcoolisme, dépressions, infections, vieillissement, etc.) la BHE devient perméable. Et, elle ne joue plus son rôle de filtre. Les acides aminés neurotransmetteurs en provenance de la digestion ou de l’ingestion peuvent alors interférer avec les acides aminés de même nature produits par le cerveau. Le résultat est la mort neuronale par surexcitation des cellules nerveuses. Les experts nomment ce phénomène l’excitotoxicité. Il s’agit d’un terme technique décrivant la mort neuronale par afflux massif de neurotransmetteurs exogènes au cerveau. Bien évidemment, la cause principale d’excitotoxicité est la porosité de la BHE.
Ceci se produit typiquement chez le fœtus ou le nourrisson. Car, ici la BHE ne se forme que très lentement après la naissance. Les personnes à risques évidents sont donc les femmes enceintes, les bébés et les personnes âgées. Mais, il y a aussi toute personne jeune ou adulte qui vit une période de stress affectif ou émotionnel intense. Il en va de même pour toute personne qui se trouve victime d’infection virale. Autrement dit, une bonne partie de la population. Ceci explique le combat permanent que mène Corinne pour sensibiliser une population inconsciente du danger permanent qu’elle court à consommer des produits “lights”, très souvent à base d’aspartame. Pour l’industriel qui produit ces additifs, le problème ne se pose pas. Car ,chez eux la BHE reste bien évidemment toujours éternellement imperméable. Elle joue son rôle protecteur quoiqu’il arrive au consommateur. Beau credo qui n’engage que ceux qui y croient…
Il y a un troisième argument massue. La quantité de méthanol produite par l’aspartame lors de sa transformation “in vivo” est négligeable par rapport au seuil de toxicité connu de cette substance. Et, aussi par rapport aux autres sources en provenance d’une alimentation saine et équilibré”. On retrouve ici de nouveau la confusion volontaire et très pratique entre les notions d'”aliment” et de “nutriment”. Avec, en prime, un cynisme à peine déguisé concernant la toxicité évidente et reconnue du méthanol. On peut ici citer la cécité, les mutations génétiques, la destruction irréversible des cellules hépatiques, etc.). On trouve aussi un mépris total des réalités. Celles qui peuvent amener une seule et même personne à une consommation immodérée journalière de produits contenant des édulcorants de synthèse (sodas, chewing-gums, bonbons, etc).
Pour mémoire voici les deux pictogrammes qui figurent sur toutes les bouteilles de méthanol dans les laboratoires. Ils rappellent sans commentaires l’extrême toxicité de cette molécule pour l’organisme.
Que l’on puisse soutenir que l’aspartame est un produit complètement inoffensif est donc une négation d’un fait reconnu par tous les chimistes. Et, ceux qui soutiennent une telle thèse brillent par leur ignorance complète de la chimie et de la biologie.
Pour conclure, je dirais que l’aspartame est un poison qui révèle sa toxicité à très court terme. Surtout auprès des bébés et des personnes âgées. Mais, aussi pour toute personne ayant une BHE en mauvais état. Ceux qui ont une BHE intacte toléreront très bien l’aspartame à condition d’avoir une consommation modérée. Il n’est donc guère surprenant que beaucoup de gens consomment l’aspartame sans subir ses effets secondaires. Alors que d’autres, plus vulnérables, seront frappés de plein fouet. Avec, à plus ou moins long terme, tout le tableau clinique effroyable décrit en détail dans le livre de H.J. Roberts. Les choses seraient évidemment plus simples si l’aspartame était comme l’alcool, le tabac ou les drogues dures un produit capable de franchir une BHE saine et non poreuse.
Si tel était le cas, cette molécule n’aurait jamais été autorisée pour la consommation humaine. Ou bien aurait un statut ambigu similaire à celui de l’alcool et du tabac. Ces derniers sont, en effet, des produits reconnus comme poisons, mais paradoxalement disponibles en énormes quantités dans le commerce. Hélas, l’aspartame fait des ravages chez certaines personnes et épargne complètement d’autres. Ceux qui sont épargnés ont alors beau jeu de considérer avec scepticisme, voire de ridiculiser les propos de ceux qui affirment que nous avons là en fait une drogue dure. Une drogue qui devrait être éliminée de notre alimentation. Vous comprendrez, donc je l’espère toute l’importance du combat mené par Corinne Gouget contre l’aspartame.
Il existe dans ce pays des centaines de milliers de personnes qui comme moi ou Corinne Gouget sont très sourcilleuses sur le contenu de leur assiette. Des personnes qui refusent sur des bases SCIENTIFIQUES de consommer certains aliments concoctés par l’industrie agro-alimentaire. Je veux bien que l’on accuse toutes ces personnes d’être folles. Mais, dans ce cas, il va falloir que notre chère république investisse massivement dans la construction d’hôpitaux psychiatriques. Car, il va y avoir pas mal de monde au portillon… Plus sérieusement, que feriez-vous si votre enfant se défonçait chaque soir à l’alcool (binge drinking) au tabac (cigarette sur cigarette) ou aux drogues dures ? N’auriez-vous pas envie de lui dire d’arrêter tout cela. Que ces produits sont nuisibles à la santé et qu’il paiera très cher plus tard pour tous ces excès ?
La vraie folie est de voir tous ces gens consommer en masse des additifs alimentaires qui n’ont aucune valeur nutritionnelle. C’est-à-dire des toxines qui peuvent vous rendre très malade et dont on pourrait très bien se passer. Corinne Gouget se démène donc comme un beau diable pour expliquer à tous ces gens que le simple fait de dire NON ou STOP suffit pour retrouver un état normal. Nul besoin de médicament pour traiter la maladie de Rumsfeld comme on l’appelle aux USA.
Car, une simple abstinence de quelques jours est suffisante. Cela permet de voir si l’on est sensible ou intoxiqué à ce type de produit. Les cabinets médicaux sont remplis de personnes qui se sentent mal et qui se traînent de médecins en médecins. Ces malades empilent analyses sur analyses pour finalement s’entendre dire que tout est normal. Qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. Les médecins les plus cyniques disent qu’il s’agit de troubles d’origine psychique…
Il faut que ces personnes sachent qu’il n’est point besoin de creuser ainsi le trou abyssal de la Sécurité sociale. Et, que la première chose à faire est de vérifier par eux-mêmes que leur mal-être est bien lié à une consommation d’un ou plusieurs additifs alimentaires. Si les troubles persistent et que l’on se nourrit de produits sains en évitant soigneusement tous les produits de couleur rouge du petit livre édité par Corinne Gouget, on sait qu’il faut impérativement consulter un médecin pour se soigner. Et, que l’on est quasiment sûr à 100% que ce dernier trouvera l’origine exacte du trouble. Si, en revanche, les troubles disparaissent après adoption d’un régime alimentaire sain, équilibré et exempt des additifs les plus dangereux, on sera heureux d’être en bonne santé. Et, surtout, on sera heureux d’avoir eu une action citoyenne en participant efficacement à la réduction du trou de la Sécurité sociale
Car, il n’y aura pas eu de consultations médicales, aucune prescription d’analyses et pas de médicaments à prendre. Pour les plus militants comme Corinne, on est aussi extrêmement heureux de toucher ceux qui produisent ces additifs alimentaires dangereux là où cela fait vraiment mal. C’est-à-dire directement au portefeuille de leurs actionnaires. Je connais bien ces industriels et je peux vous garantir qu’ils n’auront aucun état d’âme à arrêter la production d’une molécule si leur marché se réduit comme une peau de chagrin.
Je pense sincèrement qu’il n’y a aucune malice chez les fabricants d’aspartame. Mais, juste un extraordinaire appétit pour le gain financier. Et, aussi un égoïsme sans bornes vis-à-vis des souffrances d’autrui. Il suffit que les consommateurs envoient au moyen de leur portefeuille un message clair et non ambigu aux industriels. Ceux ci changeront automatiquement d’attitude. Pour que ce message clair soit émis il faut que des gens comme Corinne Gouget se battent pour informer la population.
Je sais que j’ai été un peu long, mais vu l’importance et la complexité du problème, il fallait impérativement que quelqu’un vous résume en quelques lignes des centaines de milliers de pages consacrées à la toxicité de l’aspartame. Ceci afin de vous permettre, du moins je l’espère, d’y voir un peu plus clair dans le débat technique qui oppose partisans et adversaires de l’aspartame.
Dans l’espoir que les pouvoirs publics prennent enfin conscience du danger que représente l’aspartame pour la santé publique, je vous prie d’agréer, Madame, l’expression de mes plus respectueuses salutations.
Marc HENRY, professeur des Universités
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