76•Ondes, vibrations et tutti quanti…

76•Ondes, vibrations et tutti quanti…

Épisode 76, juillet 2023. La vérité de demain se nourrit de l’erreur d’hier…

Antoine de Saint-Exupéry

Énergie, fréquence et vibration chez Nikola Tesla

Voilà une bonne dizaine d’années que je suis actif sur le réseau social Facebook où je vois des personnes poster sans vergogne des inepties scientifiques concernant la physique des ondes ou des vibrations. Le pire, c’est que ces personnes sont généralement animées des meilleures intentions du monde. Pour justifier ce qu’ils ont à dire, ces personnes citent très souvent le scientifique Nikola Tesla qui aurait dit : « Si vous souhaitez découvrir les secrets de l’univers, il vous faut penser en termes d’énergie, de fréquence et de vibration ». Or, comme scientifique aguerri, la première chose que j’ai apprise est qu’une citation non sourcée n’a aucune valeur.

C’est précisément le cas ici où absolument personne n’a été capable de me citer l’ouvrage, l’article ou le compte rendu d’une conférence dans laquelle Nikola Tesla aurait prononcé une telle phrase passée à la postérité via les réseaux sociaux. Où est le problème me direz-vous ? Puisqu’une fois Nikola Tesla décédé, une science a été développée, la physique quantique, qui valide totalement ce point de vue, via la dualité onde/corpuscule et l’équivalence complète entre les notions d’énergie E et de fréquence f, selon la relation de Planck-Einstein, E = h·f, qui permet d’expliquer le spectre d’émission lumineux d’un corps noir.

Taux vibratoire

Partant de ce constat, certains en viennent alors à introduire des notions floues comme le « taux vibratoire » d’un lieu ou d’un être vivant, avec l’idée sous-jacente que plus ce taux vibratoire est « élevé », plus la chose est bénéfique et propice à une bonne santé. Bien sûr, l’opposé est vrai, à savoir que plus la vibration est « basse », plus la chose est maléfique et propice à la mauvaise santé. Et, c’est là que la phrase de Nikola fait des dégâts irréparables. Car, les expressions « basses » et « élevées » ne peuvent que se référer au concept d’énergie ou son équivalent vibratoire : la fréquence. D’où l’idée, totalement erronée, qu’il puisse exister des énergies ou des fréquences positives et d’autres négatives.

Mis à part qu’en physique, lorsqu’une énergie est négative, cela fait référence à un système constitué d’antimatière qui ne peut en aucun cas coexister avec de la matière. Tout cela pour dire que l’on obtient, sur un plan strictement scientifique, une bouillie particulièrement indigeste. Sur un plan pratique, on aboutit à une recherche compulsive de fréquences pertinentes ou pas ainsi qu’à une course effrénée vers les hautes fréquences. Et, comme toujours, se greffe là-dessus un business extrêmement lucratif à base d’appareillages capables d’émettre des fréquences (généralement électromagnétiques) bien ciblées et de formations scientifico-mystico-spirituelles pour développer son potentiel vibratoire vers le haut plutôt que vers le bas.

Il n’y aurait évidemment rien à redire, si tout ce business ne faisait aucunement référence à la physique, que cette dernière soit dans sa version classique ou quantique. Car, il devrait être clair que cette manière de penser en termes d’énergie, de fréquence et de vibrations tient plus d’une approche religieuse basée sur des dogmes, que sur l’approche scientifique qui se base sur ce que l’observe lors d’expériences. Parce que, le pire est qu’il existe bel et bien une physique ondulatoire de nature scientifique et que cette physique ne permet pas de justifier cette idée que l’on doit systématiquement chercher à augmenter sa fréquence pour échapper aux maladies ou aux états « négatifs ».

Matière et Lumière

Cela est très facile à comprendre lorsqu’on sait que la physique ne reconnaît que deux entités fondamentales : la matière de spin demi-entier et la lumière de spin entier. Car, ce qui est crucial en physique, ce n’est pas l’énergie, mais bien le spin, c’est-à-dire, si l’on adopte le point de vue corpusculaire, la manière dont un objet tourne sur lui-même. Déjà, dès le début, la phrase de Nikola Tesla perd de son importance, puisqu’elle ne fait nullement référence au spin. Car, pour un corpuscule, les choses sont claires : il y a la masse m, la vitesse v de cette masse et son énergie E. En vérité, on sait que selon la théorie de la relativité, masse m et énergie E sont deux notions équivalentes, au carré d’une vitesse près.

C’est l’équation de grande renommée E = m·c², où, étrangement, intervient la vitesse de la lumière dans le vide de matière, c, qui prend ici le statut très convoité de constante universelle. Le mot « universelle » doit ici être compris comme une valeur numérique qui ne dépend pas de la manière dont on observe le mouvement de la masse caractérisé par une autre vitesse v. Ce mouvement peut en réalité se produire selon une direction de translation, définissant ce que l’on appelle la « quantité de mouvement p », produit de la masse par la vitesse : p = m·v.

Il peut aussi se produire comme une rotation de la masse à une certaine distance, r, d’un centre, définissant ce que l’on appelle le « moment cinétique ou spin L » selon la relation : L = m·v·r. Et, comme on l’a dit plus haut, ce spin L est bien plus fondamental que l’énergie E ou la masse m, pour comprendre la structure de notre univers.

Point de vue ondulatoire

Mais, n’oublions pas qu’il existe, en physique quantique, un autre point de vue, dit ondulatoire, entièrement équivalent au point de vue corpusculaire. Que devient la notion de spin dans ce cas-là ? C’est ici qu’il convient de savoir que toute onde, se caractérise par, au plus, quatre paramètres : une fréquence f, une amplitude A, un angle de phase 𝜑, et, éventuellement, une vitesse de propagation v, dans le cas d’une onde non stationnaire. Ici, on remarque l’incomplétude de la phrase de Nikola Tesla, qui ne mentionne que la fréquence et passe complètement sous silence, pour toute vibration, l’existence d’une amplitude, et, surtout, d’une phase. Pour comprendre cela, un dessin s’impose :

J’ai pris ici, le cas le plus général d’une onde qui se propage dans l’espace. Dans ce cas de figure, la vitesse de propagation v peut s’analyser comme le produit d’une fréquence f par une longueur d’onde associée λ. Et, selon les lois de la physique quantique, la fréquence f ou la pulsation ω définissent l’énergie E transportée par l’onde, selon la relation de Planck-Einstein évoquée plus haut : E = h·f = ħ·ω, où h et ħ = h/2π, sont deux nouvelles constantes universelles ayant la dimension d’un spin (quantum d’action respectivement linéaire h ou angulaire ħ). La longueur d’onde, correspond quant à elle à la quantité de mouvement p = h/λ = ħ·k, où k est le vecteur d’onde. Ce qui est nouveau avec l’onde, c’est la notion d’amplitude A et de phase 𝜑.

En vérité, il est assez facile de montrer qu’à la notion d’amplitude A d’une onde, on peut associer le nombre de corpuscules N. En effet, pour un système matériel, plus N est grand, plus les manifestations de la masse totale M = N×m seront intenses et fortes. Pour une onde, qui ne peut pas être analysée en termes de nombre de corpuscules, c’est le carré de l’amplitude A² qui jouera ce rôle de manifestation intense ou forte. Mais, pourquoi diable, prendre le carré ? C’est ici que se manifeste le dernier paramètre : la phase 𝜑. Car, comme le montre le dessin, les ondes ont la propriété de s’additionner pour une même date et un même lieu. Et, si l’on considère le cas le plus simple de deux ondes qui s’additionnent, selon la phase relative de chaque onde, l’amplitude peut varier entre zéro ou 2×A.

Car, qui dit onde, dit entité qui varie de manière périodique dans le temps (fréquence) ou dans l’espace (longueur d’onde), état de fait qui se modélise, sur un plan mathématique, par une fonction sinus ou cosinus. Or, il est absolument impossible de différencier par la forme oscillante une fonction sinus d’une fonction cosinus, car les deux fonctions ne diffèrent que via un angle de phase 𝜑 = 90° = π/2 : sin (x + π/2) = cos (x). Ou bien, si vous préférez, si la fonction sinus présente la propriété de s’annuler lorsque x = 0, la fonction cosinus, elle, s’annulle ailleurs lorsque x = π/2 = 90°. Ou bien encore, là où la fonction sinus s’annulle, la fonction cosinus prend, au contraire, sa valeur maximale.

Notez bien que cette notion de phase ne change absolument rien à la forme ondulatoire qui décrit toujours la même oscillation ou vibration. Elle affecte uniquement l’amplitude A, avec la propriété remarquable d’annihiler la manifestation physique de l’onde lorsque l’angle de phase relatif des deux ondes additionnées vaut : 𝜑 = 180° = π. Car, ici, sin(x) + sin(x + π) = sin (x) – sin(x) = 0, quelle que soit la valeur de x.

Notion de cohérence

Ce fait, absolument fondamental, est totalement occulté dans la formulation ultra-simpliste attribuée à Nikola Tesla. Puisque, n’oublions pas que derrière la variable x, on trouve une fréquence ou une longueur d’onde. Et, que, si le différentiel de phase est de 180°, on se fiche entièrement de la valeur exacte de cette fréquence ou longueur d’onde associée. Parce que le résultat observé sera tout simplement zéro, c’est-à-dire un vide de matière ou une obscurité totale, le noir absolu. Ceci nous permet maintenant de se faire une idée précise de la manière dont fonctionne l’univers d’un point de vue physique. Grosso modo, il ne sert absolument à rien de vouloir monter un quelconque taux vibratoire s’exprimant au moyen d’une fréquence. Parce que cette fréquence disparaîtra irrémédiablement dès qu’il existera un angle de phase relatif de 180°.

Ceux qui affirment qu’il suffit d’augmenter sa fréquence pour aller vers la bonne santé ou le bonheur, démontrent qu’ils n’ont absolument rien compris au film. Ils font étalage de leur ignorance totale des lois de la physique et de l’univers. En revanche, ceux qui ont compris le film, peuvent parfaitement dire que pour aller vers la bonne santé et le bonheur, il va falloir augmenter son taux vibratoire. Mais, ici, ils préciseront qu’ils parlent d’un taux vibratoire qui correspond à une amplitude maximale. Et, qu’il faut donc rechercher un différentiel de phase nul, entre chaque vibration individuelle œuvrant dans le système étudié. En réalité, plutôt que de faire référence à un quelconque taux vibratoire qui a été tellement galvaudé par des ignorants, ils pourront faire référence à la notion, moins galvaudée, de « cohérence ». Et, ici, une nouvelle figure s’impose.

Pour la comprendre, ne retenons de la phrase de Nikola Tesla que l’idée que « tout est vibration ». En effet, nous venons de voir que fréquence et énergie sont synonymes et donc, que la connaissance de la fréquence n’est en rien nécessaire. Oublions donc ces termes galvaudés, puisque certains n’hésitent pas à parler d’énergie sans savoir qu’il faut alors nécessairement donner une valeur en joules pour être crédible. D’autres parlent bien de fréquences en donnant une valeur en hertz. Cependant, ils font l’erreur de croire qu’il faut monter en fréquence alors qu’il s’agit plutôt de monter en amplitude. Voici la figure en question :

Comme nous partons du postulat que « tout est vibration », cela signifie que nous n’avons jamais affaire à une onde isolée. Si tout vibre, alors au minimum, il doit exister une vibration pour la chose étudiée et une autre pour son environnement. Le problème du bonheur et/ou de la bonne santé se ramène donc toujours, à une sommation d’au minimum deux ondes, voire bien plus, car l’environnement, comme l’objet, peuvent avoir un spectre de fréquences et non des fréquences uniques. Prenons donc l’image en haut et à gauche qui montre un ensemble d’ondes qui doivent être superposées. Comme il y a des ondes de différentes fréquences qui se propagent dans des directions différentes, on a ici affaire à une incohérence totale spatio-temporelle que l’on associe facilement à un état de mauvaise santé pour la paire chose/environnement. Que peut-on faire pour changer cet état ?

Résonance

La réponse est qu’il faut, bien sûr, augmenter la cohérence. Mais, quel type de cohérence ? La cohérence spatiale (en haut et à droite) ou la cohérence temporelle (en bas et à gauche) ? C’est ici qu’intervient un nouveau concept dont nous n’avons pas encore parlé : la résonance. En effet, pour une fréquence donnée, toute onde transporte une certaine quantité d’énergie. Et, s’il y a une onde pour la chose et une autre onde pour l’environnement, l’énergie ne peut être transférée de l’une à l’autre (résonance) que si les fréquences des deux ondes sont égales. Encore une fois, on se fiche ici totalement de la valeur exacte de cette fréquence commune. Le point crucial est que les deux fréquences doivent être indiscernables l’une de l’autre.

Ainsi la figure en haut à droite, où n’existe aucune cohérence temporelle, décrit une situation où la chose et son environnement agissent selon une même direction spatiale, mais sans échange d’énergie possible puisque les fréquences (couleurs) sont différentes (incohérence temporelle). Cet état de fait pourrait, par exemple, correspondre à deux systèmes en bonne santé (cohérence spatiale), mais ayant une insatisfaction profonde en raison de l’absence de fréquence commune pour pouvoir dialoguer (incohérence temporelle). La situation est différente pour la figure en bas à gauche. Ici, toutes les ondes partagent la même fréquence (couleur unique).

Celles qui proviennent de l’environnement peuvent donc affecter, par résonance, celles qui proviennent de la chose et réciproquement. Toutefois, une incohérence spatiale est responsable de déphasages empêchant l’amplitude totale d’être maximale. On a donc ici, par exemple, deux systèmes en mauvaise santé (incohérence spatiale) mais qui peuvent se parler et communiquer (cohérence temporelle). On est ici dans la situation maître/élève où le plus cohérent (maître) enseigne au moins cohérent (élève). D’où une source de bien-être, mais de recherche permanente de plus de cohérence spatiale afin de ne plus être malade (incohérence spatiale). On en arrive ainsi, à la situation idéale correspondant à la figure en bas et à droite, où il y a une osmose parfaite entre la chose et son environnement tant du point de vue de la santé (cohérence spatiale) que du bonheur (cohérence temporelle).

C’est cela que signifie la volonté de chercher à augmenter son taux vibratoire pour toute personne voulant placer sa pratique physiologique ou sa démarche spirituelle dans le cadre de la physique quantique. On oublie ici la formulation extrêmement ambiguë attribuée à Nikola Tesla et l’on ramène tout à la notion de cohérence de phase, c’est-à-dire que l’on se discipline à raisonner en termes d’angles mesurés en degrés ou en radians et non en termes de fréquences mesurées en hertz. Une fois que l’on a compris cela, la radiesthésie apparaît comme une méthode de choix pour mesurer de manière très précise la présence ou l’absence de cohérence, et ce, quelles que soient les fréquences précises misent en jeu.

Radiesthésie

L’idée première de la radiesthésie est que le pendule n’est qu’un amplificateur d’une vibration corporelle visualisable au moyen d’un angle… Le pendule n’a aucun pouvoir en lui-même. Il n’est ni émetteur, ni receveur de quoi que ce soit, contrairement au cerveau qui, possède la capacité, grâce à un métabolisme interne, de recevoir ou d’émettre des ondes de nature électromagnétiques ou mécaniques. C’est la direction angulaire de l’oscillation du pendule qui correspond ainsi au langage technique par lequel s’expriment des mouvements subconscients, en réponse à une question formulée avec une précision aussi élevée que possible.

On notera aussi que l’angle est l’unité d’affichage universel pour toute machine travaillant dans une salle de contrôle d’un système industriel. Autrement dit, si l’on adopte ce point de vue angulaire, tout radiesthésiste peut être considéré comme l’ingénieur de contrôle d’un corps humain, comme il existe des ingénieurs systèmes contrôlant les machines industrielles.

Pour ceux qui auraient encore des doutes, il convient de rappeler que la subconscience peut être localisée dans le lobule « folium » du paléocervelet qui communique avec la conscience via des vibrations corporelles se caractérisant par une tension ligamentaire pouvant s’exercer selon une orientation angulaire. Grâce à sa masse se terminant en pointe et suspendue au bout d’un fil ou d’une chaînette d’une longueur d’environ cinq centimètres, le pendule amplifie toute vibration corporelle initiée par le Vermis du paléocervelet qui détermine les tensions ligamentaires du rachis.

Rappelons également que la matrice extracellulaire qui imprègne le cerveau et la moelle épinière (et tout le corps) possède des propriétés piézoélectriques. Un stimulus électrique voyageant à travers la matrice provoquera ainsi une vibration mécanique, tandis que le passage d’informations mécaniques et/ou métaboliques provoquera la création d’électricité. Ces changements de comportement de la matrice extracellulaire ou les fluctuations d’énergie affecteront l’état de la matière de la même matrice (gélification et solution), où l’eau présente se comporte comme un cristal liquide. Tout ceci pour dire que le folium du paléocervelet pourrait correspondre à la zone réceptrice et émettrice de tous les types d’ondes parcourant l’univers.

Par Marc HENRY

Cuiusvis hominis est errare: nullius nisi insipientis perseverare in errore (« C’est le propre de l’être humain de se tromper, seul l’insensé persiste dans son erreur. »)

Cicéron, Philippicae XII.5 

Print Friendly, PDF & Email

Leave a Reply

Your email address will not be published.