Épisode 23, Covid-19, juin 2020
Experts & Co. Ltd
Depuis le mois de février, on a vu défiler à la télévision, moult professeurs, chefs de service, docteurs, académiciens et autres experts en microbiologie. Si leurs titres, parfois à rallonge, ont bien été déclinés, silence radio sur leur palmarès académique. Sans compter les journalistes spécialisés dans le domaine de la santé. Parmi les opposants notoires à Didier Raoult, trois noms ont retenu mon attention : Laurent Alexandre, Karine Lacombe et Damien Barraud. Plutôt que de vous asséner leurs titres universitaires, je vais me focaliser, comme je l’ai fait pour moi et Didier Raoult, sur leur palmarès scientifique.
J’ai d’abord cherché en vain Laurent Alexandre sur Google Scholar. Cela signifie donc qu’il ne souhaite pas rendre visible pour tous son palmarès. J’ai par contre trouvé les profils de Karine Lacombe et Damien Barraud. Pour Mme Lacombe, j’ai trouvé C = 4058 citations pour P = 343 publications sur la période 1998-2020, avec un indice de Hirsch h = 35. On a donc un taux de citation moyen par publication C/P = 12, un indice de Mock hm = 36 et un indice d’excellence m = 35/22 = 1,6.
Pour Mr Barraud, il est crédité de C = 1751 citations pour P = 44 publications sur la période 2000-2020, avec un indice de Hirsch h = 18. Cela lui fait un taux de citation moyen par publication C/P = 40, un indice de Mock hm = 41 et un indice d’excellence m = 18/20 = 0,9.
Le “Gérard Depardieu de la Science”
Pour mémoire je vous rappelle les même chiffres pour le « druide », surnommé aussi l’ogre de la recherche : C = 154 127 ; P = 2 98 5 ; h = 178 ; C/P = 5 2 ; hm = 200 et m = 4,8. Comme qui dirait, il n’y a pas photo. Pour prendre une métaphore animale vous avez des fourmis qui cherchent à mordre un pachyderme. Inutile de vous dire, que le pachyderme se moque complètement de ces fourmis virulentes. Seulement, pour les journalistes, c’est l’avis des fourmis qui semble prévaloir sur le gros bon sens du pachyderme. Le monde à l’envers, puisque les trois compères sont tous trois faits du même bois académique.
Oublions pour l’instant le pachyderme qui boxe vraiment dans la catégorie poids-lourds, celle qui vise un prix Nobel. Les deux autres gringalets (scientifiques bien sûr), eux, boxent dans la catégorie super-hyper-poids plume. Donc, a priori, pas de Nobel en vue pour eux, mais par contre ils peuvent, par leur ancienneté, prétendre à diriger une équipe, voire un service. Or, rappelons qu’un chercheur lambda en sciences médicales se caractérise par 18 ≤ h ≤ 135 avec m ≈ 1. On est donc bien avec ces deux chercheurs plutôt dans le bas de la fourchette.
Le principe de Peter
La question qui se pose est donc de savoir, pourquoi ils ont pu tenir ainsi le devant de la scène, par rapport à d’autres chercheurs mieux cotés ? La seule explication valable que je trouve est de faire appel au principe de Peter. Cela suppose évidemment de connaître les travaux de l’américain Laurence Peter (1919-1980). Le voici dans sa forme abrégée : « Dans une hiérarchie, tout employé tend à s’élever jusqu’à atteindre son niveau d’incompétence ». Pas de quoi fouetter un chat, me direz-vous. Sauf qu’il y a un corollaire qui stipule que : « Avec le temps, tout poste est occupé par une personne incapable d’en remplir les fonctions ».
Mettons-nous un moment dans la peau d’un journaliste qui veut avoir l’avis d’un expert sur un sujet très technique où il n’a aucune compétence. Va-t-il, comme je l’ai fait, calculer des indices pour avoir le meilleur expert ? Non bien sûr, car sinon un seul nom émergerait : Didier Raoult. Comme il n’y aurait que lui à la télé et à la radio, il écraserait avec tout son poids de pachyderme le sujet. On serait alors obligé de se plier à son avis puisque c’est le meilleur de sa catégorie.
Trop plein d’intelligence
La taille disproportionnée du pachyderme le disqualifie donc d’office de tout débat. Car, pour débattre en face d’un pachyderme, il faut un autre pachyderme. Or, les chiffres démontrent qu’il n’y en a qu’un dans le paysage des maladies infectieuses. Cela n’est donc pas choquant de l’éliminer des plateaux. Il n’avait qu’à pas être aussi intelligent. Donc, pour avoir un expert, on se rabat sur l’annuaire des grands centres de recherches. On sortira ainsi du chapeau plutôt des chefs ou des directeurs qui des chercheurs très impliqués dans la recherche.
Ce qui est choquant, par contre, c’est que l’on cherche à ridiculiser Didier Raoult sur l’allure qu’il a choisie pour peaufiner son image de marque. Pire, on a aussi cherché à dénigrer son travail. Là cela devient vraiment très mesquin et surtout malsain. Car, critiquer Didier Raoult, c’est remettre en cause tout le système d’évaluation et le principe même du fonctionnement de la science. Ceux qui s’aventurent sur cette voie-là jouent un jeu très dangereux. Car cela fait le nid de tous ceux qui cherchent à faire passer l’idéologie et le dogmatisme avant la science.
Concours de fourmis
Revenons à nos deux fourmis qui ont, par chance, à peu près le même âge scientifique. Laquelle semble être la meilleure ? C’est là où l’on comprend qu’il est impératif de disposer de plusieurs indices pour pouvoir se faire une opinion impartiale. Car si l’on considère qu’un seul indice, la messe est dite. Ainsi d’un point de vue quantitatif, Mme Lacombe semble l’emporter. Sauf que, son indice de Hirsch (h = 35) est très proche de son indice de Mock (hm = 36). Ceci vient du fait que son rapport C/P = 12 se trouve être trop bas. Ceci signifie que sa recherche est bonne mais très, voire trop, conventionnelle.
Damien Barraud, lui, présente un grand écart : h = 18 contre hm = 44. Concrètement, cela signifie que s’il publie moins que Mme Lacombe, l’impact de sa recherche est supérieure d’un facteur trois, puisque C/P = 40. Chacun a donc ses points forts, et mérite donc amplement de diriger des équipes de recherche. Toutefois, les deux, n’ont pas le poids nécessaire pour se frotter au pachyderme.
Transhumanisme
Quid du troisième larron, Laurent Alexandre ? Pour avoir accès à son palmarès, j’ai dû employer les grands moyens. Car le bougre se garde bien d’être référencé dans Google Scholar. Heureusement, son travail est référencé par la société Clarivate qui permet de suivre des chercheurs. Ceci même si ces derniers ne font rien pour la présenter aux internautes. Cet apôtre, « profondément darwinien », du déterminisme et de la sélection génétique est cofondateur du site “Doctissimo” en 1999.
Il se dit convaincu que la nature élimine les plus faibles et que « l’homme qui vivra mille ans est déjà né ». Son credo semble être que « la science donnera à l’homme le pouvoir d’un dieu et que l’homme va remodeler l’univers ». Bon, au-delà de ces déclarations fracassantes, que trouve peut-on mettre à son actif? Voici les chiffres : il est titulaire de C = 1429 citations pour P = 65 publications sur la période 1988-2020, avec un indice de Hirsch h = 25. Cela lui fait un taux de citation moyen par publication C/P = 22, un indice de Mock hm = 32 et un indice d’excellence m = 25/32 = 0,78.
Pucerons et éléphanteau
Lui non plus, n’est pas vraiment un pachyderme. Surtout, son indice d’excellence après quand même 32 ans de carrière est trop bas. Un chercheur de son âge devrait en effet avoir m ≈ 1. Boxant dans la même catégorie que les deux autres fourmis, lui aussi aurait mieux fait de s’abstenir de toute critique. Quid des pucerons scientifiques ? Ceux-là, on devrait les trouver, si le principe de Peter est valable, aux plus hautes fonctions de l’État.
De fait, je n’ai rien pu trouver sur Google Scholar au sujet d’Olivier Véran, Agnès Buzyn, Jérôme Salomon, Franck Chauvin ou Jean-François Delfraissy. J’ai eu en revanche eu plus de succès avec le moteur de recherche Clarivate pour les trois derniers. Voici, ce qu’il en ressort :
Delfraissy (1975-2020) : C = 20 359 ; P = 466 ; h = 72 ; hm = 96; C/P = 44 ; m = 72/45 = 1,6
Chauvin (1986-2020) : C = 4 031 ; P = 90 ; h = 20 ; hm = 20; C/P = 45 ; m = 20/34 = 0,59
Salomon (1985-2020) : C = 1 387 ; P = 137 ; h = 13 ; hm = 20; C/P = 8 ; m = 13/35 = 0,37
Hautes fonctions
Rien de bien mirobolant pour Messieurs Chauvin et Salomon, et surtout des indices d’excellence encore plus faibles que nos fourmis ouvrières. Pour mémoire le premier est président du Haut Conseil de la Santé Publique (HCSP) et membre du Conseil Scientifique, réuni autour d’Emmanuel Macron pour éclairer la décision publique. Le second, est directeur général de la Santé. Vous l’avez vu à la téloche tous les soirs égrener des chiffres à n’en plus finir. Mr Delfraissy est lui président du Comité Scientifique réuni autour d’Emmanuel Macron. S’il boxe clairement dans la catégorie poids moyen, il reste cependant un éléphanteau par rapport à Didier Raoult.
Toutefois, comparez son rapport C/P = 44 avec celui de Damien Barraud : C/P = 40. L’éléphanteau a 44 ans de carrière contre seulement 20 ans pour la fourmi. Moi j’aurais bien vu Didier Raoult en président de ce fameux conseil scientifique. Pour quelle raison a-t-on choisi Mr. Delfraissy? On touche là du doigt le fait que ce comité est là pour faire de la politique et non de la science. Après tout, pourquoi pas, car ce sont là deux métiers très différents.
France et COVID-19
Toutefois, je me suis permis d’aller sur le site de l’ECDC pour voir comment la France s’en était tiré par rapport à d’autres pays. Je sais, je n’aurais pas dû, faire cela. C’est vraiment très vilain et peu respectueux. Seulement voilà, j’ai la naïveté de croire que la stature des hommes politiques se mesure lors des grandes crises. Là, on en tient une bonne, bien juteuse avec, cerise sur le gâteau, une privation de libertés inégalée sous la cinquième république.
Donc, cela me démangeait vraiment trop, surtout que par les temps qui courent, j’avais la souris très facile. Voici donc un graphe interactif montrant le taux de létalité en fonction du nombre total de morts par COVID-19 confirmés, par pays. On voit très clairement sur ce graphe que la France s’est très mal débrouillée par rapport à la plupart des autres pays. En gros, si l’un de vos proches est mort de cette maladie, sachez que le fait d’être français a été un facteur plus aggravant, que son état de santé. QED comme disent les rosbifs. Ah, si seulement Raoult avait été choisi pour présider ce satané comité. On n’en serait peut-être pas à courir derrière le Yémen, pour le titre du taux de létalité le plus élevé au monde.
Quid des journalistes ?
Pour conclure, j’ai été incapable de résister à la tentation de regarder le score académique de Michel Cymes. Pour parler autant et avec une telle assurance, on s’attend à du lourd. Ici aussi, rien sur Google Scholar. Il est par contre référencé dans le moteur de recherche Clarivate. Voici les résultats :
P = 1 ; C = 0 ; h = 0 ; hm = 0 ; C/P = 0 ; m = 0
Là, c’est même pas un puceron. Cela tient plutôt de la poussière cosmique. Dire qu’il a osé demander à son “confrère” de rester modeste…
Par Marc HENRY
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